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Assia Djebar, un amour des mots au service de femmes arables

  • Hocine Ait Amara
  • 22 janv. 2016
  • 24 min de lecture

La gardienne des femmes et de la langue française : de la petite Fatma-Zohra, venue de loin, à Assia Djebar, l’écrivaine, devenue immortelle

La petite fille, Fatma-Zohra Imalhayène

Avant la naissance d’Assia Djebar, Fatma-Zohra Imalhayène est née en juin 1936 à Cherchell, une petite ville algérienne au bord de la mer. Fatma-Zohra Imalhayène, cette petite fille, qui grâce à d’autres, en l’occurrence sont père, Tahar Imalhayène, a reçu une éducation littéraire, sentimentale et poétique. Avant son père, son grand-père, membre des SPAHIS, unité de cavalerie appartenant à l’Armée d’Afrique qui dépendait de l’armée de terre française, s’est battu pour la France. Son parcours militaire du grand-père, décoré par la République française, a permis à ses deux fils de poursuivre une scolarité en langue française. C’est ainsi que les portes de l’école s’ouvrent à ses deux enfants en guise de reconnaissance. L’un d’eux sera instituteur et ça sera le père de Fatma-Zohra. Inéluctablement, être fille d’un instituteur de la République lui a été d’un grand apport. Et c’est ainsi que la petite fille, dès sont jeune âge conduite à l’école, a commencé à lire beaucoup et puiser de son père un grand amour pour les livres.

Une fois au collège de Blida, la petite fille bien qu’elle n’ait pas eu l’occasion d’apprendre l’arabe classique, son amour pour les langues et en l’occurrence pour la langue française n’a cessé de grandir. A très jeune âge, Fatma-Zohra a pu lire Gide, Proust et plein d’autres. Mais les prémices d’une vie nouvelle, c’est au lycée Bugeaud d’Alger, lycée d’Albert Camus. Encouragée, soutenue pour aller plus loin, Fatma-Zohra décide alors de traverser la mer en 1954 à l’âge de 18 ans. En 1955, elle entre à l’Ecole normale supérieure de Sèvre, donc sa première année universitaire. Mais dès 1954, les choses commencent à changer en Algérie avec la guerre de libération déclenchée le 1 novembre 1954. D’ailleurs, en 1956 et en réponse à l’appel de l’Union Général des étudiants musulmans algériens, UGEMA, à la grève, Fatma-Zohra, qui dans une année sera Assia Djebar, a répondu présente à l’appel et refuse de passer ses examens bien qu’un brillant avenir universitaire ait été à sa portée.


Assia Djebar, l’écrivain, qui quitte son pays pour la langue française

Une année de grève ! Fatma-Zohra exclue de Sèvre. Sans perdre son temps, elle écrit son premier roman, La soif. De peur de choquer ses parents avec sa première publication chez René Juliard, en 1957, ASSIA DJEBAR est née. Un nom emprunté à l’arabe : Assia qui signifie la consolation et Djebar qui signifie l’intransigeance. Ces deux mots minutieusement choisis vont définir toute l’œuvre d’Assia Djebar. L’intransigeance de par ses engagements, sa militance et ses prises de positions et la consolation de par sa volonté d’apporter, à travers ses écrits et ses engagements, du réconfort à la Femme en l’occurrence la femme magrébine.

Dès l’âge de 23 ans, Assia Djebar va mener une vie de famille. Mariée à un homme de théâtre, Malek Alloula écrivain algérien d’écriture française, elle se tourne vers un autre moyen d’expression le cinéma. C’est avec Anatole Dauman qu’elle réalise son premier projet cinématographique autour de la vie de Mohammd Dib, de plus son activité de journaliste engagé qui écrit pour le journal El-Moudjahid, quotidien algérien qui signifie le maquisard.

Après l’indépendance de l’Algérie en 1962, et à l’âge de 26 ans, Assia Djebar décide de revenir à Alger où elle sera nommée à l’université d’Alger comme enseignante de l’histoire moderne et contemporaine de l’Algérie en langue française, évidement. Mais dès 1963, la question des langues se pose en Algérie. Voulant réviser les manuels d’histoire, de la langue et de leurs enseignements, Assia Djebar se trouve confrontée au problème de l’arabe, langue qu’elle n’a jamais étudiée, dès lors langue d’enseignement. Elle décide alors de quitter l’Algérie pour la langue française. Son intransigeance est bien réelle et visible.


La langue française est mon armure

Si pour Kateb Yacine la langue française est un butin de guerre. Pour Assia Djebar, elle est une armure. Cinéaste passionnée, Noubade Femmes du Mont Chenoua et La Zerda étaient les deux films qu’elle a réalisés à l’honneur des femmes algériennes où elle raconte leurs vécus, leurs silences, enfermements et espoirs. Son combat féministe passe également par son écriture, par la langue française.

Assia Djebar a été encouragée et soutenue dans ses débuts de romancière par Louis Massignon, Charles André Julien, Gaston Bounoure, etc., et notamment par des femmes dès son âge. A Blida (Algérie), Madame Blasi lui a transmis cet amour de la langue par sa simple lecture des poèmes de Baudelaire, disait-elle. A Paris, à 19 ans, elle bénéficie de la rigueur grâce aux enseignements de Descartes et de Kant dispensés par Dina Dreyfus. Quant à son combat pour les droits des femmes et notamment les femmes algériennes, Germaine Tillon, par ses travaux dans les Aurès dès les années trente, l’a extrêmement inspirée en lui montrant l’exemple à suivre. Bien avant Germaine Tillon, Saint Augustin, père d’Eglise a mené un combat farouche contre les intégristes chrétiens notamment Tertullien un païen converti au christianisme qui considérait toute femme se montrant le visage comme prostituée. Un combat dont Assia Djebar assurera la suite tout au long de sa vie et cette fois-ci contre les intégristes islamistes.

Partout dans ses écrits, Assia Djebar nous fait écouter les voix de ces femmes berbères, arabes, et même françaises qui souffrent dans le silence. Elle nous les fait écouter par la voix d’autres femmes : celle de Taos Amrouche (Marie Louise Taos Amrouche), une artiste kabyle, écrivain d’expression française et interprète des chants traditionnels berbères, celle de Djamila (Djamila Bouhired et Djamila Boupacha, deux militantes du FLN lors de la guerre d’Algérie qui étaient incarcérées et torturées) et celle de Yasmina, un de ses personnages qui incarne la douleur des femmes algérienne lors de la décennie noire (1990-2000 : décennie du terrorisme en Algérie). Elle parle également de sa grand’mère et de sa mère, Fatma Sahraoui et Bahia Sahraoui qui n’ont pas eu sa chance ; d’avoir un père instituteur, ni son parcours, mais qui ont vécu toutes leurs vies comme ces femmes algériennes mariées à jeune âge et passaient leurs journées à travailler rudement dans les champs et la maison. L’amour de l’Art lui vient surement d’elles, de sa grand’mère qui aimait danser discrètement pour se libérer de ses charges quotidiennes et de sa mère qui, elle, était passionnée de la musque andalouse. C’est entre deux mondes que la petite Fatma-Zohra Imalayène va grandir, celui des femmes opprimés, enfermées et étouffées et celui du père instituteur porteur d’un amour, celui de la langue française.

C’est ainsi qu’Assia Djebar sera façonnée, en se servant de l’amour de son père, la langue français qu’elle considérera comme son armure, ou tout simplement la langue, pour porter et faire entendre la voix des ces milliers de femmes opprimées. D’ailleurs, dans L’amour, La Fantasia, elle écrivait : « tandis que l’homme continue à avoir droit à quatre épouses légitimes, nous disposons de quatre langues pour expirer notre désir : le français pour l’écriture secrète, l’arabe pour nos soupirs vers Dieu étouffés, le lybico-berbère quand nous imaginons de retrouver les plus anciennes de nos idoles mères. La quatrième langue, pour toutes, jeunes ou vieilles cloîtrées ou à demi émancipées, celle du corps que le regard des voisins, des cousins prétend, rendre sourd et aveugle… Quatre langues qui sont autant d’ouvertures vers la liberté. ».

La langue française est mon tempo de respiration

Enseigner en langue française était pour elle prolonger l’activité de son père l’instituteur de français qui s’est consacré pour l’enseignement de cette langue aux petits enfants qui n’avaient pas accès à l’école et même aux adultes auxquels il assurait des cours accélérés. L’écriture, en langue française, lui est devenue vite une activité qui, pour elle, lui permettait de s’interroger et d’aller au plus profond d’elle. D’ailleurs, elle disait même que cette langue ne m’est plus langue de l’Autre- presque une seconde peau.

Tout comme Jean El Mouhoub Amrouche qui disait : « Je pense et j’écris en français et je pleure en kabyle », Assia Djebar juge que ses origines n’étaient pas, pour elle, sans effet sur cette langue qu’elle considère comme sa deuxième peau, mais elles l’ont ensemencée. Elle considère également la langue française comme une porte d’ouverture au différent et moyen de s’alléger des interdits. Un moyen de faire voyager les douleurs et les souffrances des femmes magrébines, mais aussi leurs sourires, danses et espoirs à travers le monde.

Dans années 90, une décennie noire où des algériennes s’entretuent, où des intellectuels et des journalistes sont assassinés par des intégristes. Pourquoi ? Parce qu’ils écrivent en français ! On en citera Tahar Djaoute, romancier et journaliste, Youssef Sebti, poète et Abdelkader Alloula, auteur dramatique, qui est son beau-frère. C’est dans Le Blanc de l’Algérie qu’Assia Djebar rend hommage et donne une deuxième vie à ces intellectuels lâchement assassinés en retraçant l’horreur de leur mort et la douleur de leurs proches.

Le combat de Saint Augustin contre l’intégrisme chrétien de Tertullien, qui opprimait les femmes, est le même que celui que Djaout, Sebti et Alloula ont mené, par leur génie, leurs plumes ou tout simplement par la langue française, contre l’intégrisme islamiste durant la décennie du terrorisme en Algérie. C’est dans ce combat que désormais Assia Djebar s’inscrit en tant que femme algérienne, intellectuel algérien ou juste une amie de ces gens qui ont fait l’honneur d’une Algérie de Liberté. Un combat qui prend d’autres dimensions, mais un combat mené toujours et pour toujours en français.


Entre deux noms, deux langues et deux pays

De son vrai nom Fatma-Zohra Imalayène, Assia Djebar a choisi celui-ci pour ne pas choquer ses parents lors de sa première publication La soif. Un choix jugé pertinent et reflétant sa personne.

Dans un premier temps, nous allons nous intéresser à son vrai prénom, Fatma-Zohra Imalayène. Fatima est un prénom arabe qui signifie ce qui est sevré. Zohra également vient de l’arabe zahra qui signifie la fleur, désigne plus particulièrement la fleur d’oranger parfumée. Zohra ou tout simplement Zahra dans la culture islamique signifient la resplendissante, l’éblouissante ou celle qui brille de tout son éclat. On peut trouver des filles qui s’appellent Fatima ou Zohra (Zahra) ; mais ce qui est courant et renvoie directement à la culture arabo-musulmane, c’est Fatma-Zahra, fille du prophète Mahomet et de sa première femme Khadija. Le prophète l’appelle « reine des femmes du paradis ». On peut signaler également que son nom est à l’origine de la dynastie des Fatimides (909-1171).

Selon « Lissan Al-arab, dictionnaire de référence de la langue arabe, Fatima signifierait « celle qui a été sevrée avant deux ans». On lui donne également comme interprétation « qui sèvre », « jeune chamelle sevrée » ou « celle qui se tient à l'écart du péché».

Imalayène, il est un nom de famille berbère. N’ayons pas trouvé de référence pour définir ou bien remonter l’étymologie du nom, nous allons nous baser sur notre propre connaissance du berbère et émettre une hypothèse. Amelay, en berbère signifie la couleur blanche. Amelay est un adjectif et substantif, au masculin, amlay et au féminin t-amela-lt. Dans plusieurs régions berbérophones, dans les différentes variétés du berbère notamment le kabyle, on trouve la variante libre /l/ et /j/. Amelay [amelaj] ou amelal [amelal] signifient la même chose. Quant à Imalayèn, en kabyle, signifie le pluriel d’amelay/amelal ; les blancs.

Nous voyons dès lors la forte influence de la culture musulmane sur la future académicienne. Bien qu’elle ait eu l’idée de changer son nom de Fatma-Zohra Imalayène à celui d’Assia Djebar, celui-ci n’échappe pas à cette influence.

Elle s’était placée sous le double signe pour écrire de peur de choquer ses parents. Assia, nom arabe qui signifie la consolation et Djebar : l’intransigeance. Ce dernier (djebar) est l’un des 99 noms du prophète Mahomet. Ce choix renvoie parfaitement à la personnalité de Fatma-Zohra qui, à travers son écriture, essaye de consoler la femme. Et à travers ses positions de l’étudiante normalienne, qui a arrêté les cours pour répondre à l’appel de l’UGEMA, et de l’enseignante d’histoire à Alger qui a quitté son pays pour la langue française, révèle son caractère intransigeant.


Entrée à l’académie française : un discours, une polémique

Le 22 juin 2006, après une année de son élection le 15 juin 2005, Assai Djebar, la seule femme algérienne et musulmane qui a intégré la grande maison de Sèvre en 1955, est reçue au cœur de cette institution prestigieuse fondée en 1635 par Richelieu : l’académie française.

Assia Djebar, dans la première partie de son discours, a commencé par la restitution et la description de la de la bibliographie du grand juriste et doyen Georges Vedel, son prédécesseur au fauteuil numéro 5. Elle a consacré la majeure partie de son discours à la vie de cet immortel en retraçant sa vie exceptionnelle et son parcours de résistant et de spécialiste du droit constitutionnel.

Bien que la plus grosse partie de son discours ait été réservée à l’hommage rendu à l’éminent juriste Georges Vedel, la deuxième partie ne demeure pas sans intérêt, elle va même loin. Elle revendique son identité d’algérienne et la proclame et dénonce le système colonial en Afrique et particulièrement en Algérie. « Permettez-moi d’évoquer à présent : la France, sur plus d’un demi-siècle, a affronté le mouvement irréversible et mondial de décolonisation des peuples. Il fut vécu, sur ma terre natale, en lourd passif de vies humaines écrasées, de sacrifices privés et publics innombrables, et douloureux, cela, sur les deux versants de ce déchirement. » (Assia Djebar, 2006 : 6 (Disc. De réception.). Elle continue et ajoute que ces guerres qui n’ont épargné personne ont décivilisé et ensauvagé l’Europe, donc la France !

En plus de la dépossession de ces terres, longtemps colonisées, de leurs richesses, de leurs culturelles et de leurs assises sociales, La France, et particulièrement en Algérie, a privé ce peuple de leurs deux langues, le berbère et l’arabe, qu’elle a écarté de l’enseignement. L’apprentissage de l’arabe littéraire était le souhait de l’immortelle, un souhait qui ne s’est jamais réalisé. Mais ce monolinguisme instauré par le colonialisme français pousse encore davantage à la quête des origines, souligne-t-elle.

Toutefois, elle n’a pas manqué de signaler ses multiples et fructueuses rencontres avec Louis Massignon, Charles-André Julien et bien d’autres. Une reconnaissance de tous ceux qui l’ont encouragé de près ou de loin dans ses débuts d’élève, d’étudiante, d’écrivaine et de cinéaste.

Un autre hommage rendu au différents savants berbères, notamment Apulée, Saint Augustin, etc., qu’elle considère comme partie indissociable du patrimoine Nord-Africain dont elle revendique même l’enseignement de leurs histoires et textes dans les différentes universités.

Vers la fin de son discours, elle se pose même cette question : à quoi me sert aujourd’hui ma langue française ? A quoi lui sert cette langue qu’elle ne considère plus comme la langue de l’Autre mais une deuxième peau ? L’écriture en langue française est, pour elle, le seul espace de liberté et même une écriture par passion d’ « Ijtihad », c’est-à-dire de recherche tendue vers quoi, vers soi d’abord. Ce vocable arabe qui signifie la persévérance est prononcé sous la seule coupole qui abrite l’institution la plus prestigieuse et la plus ancienne qui défend la langue française. Un acte à la fois fort et symbolique à travers lequel elle brise toute frontière entre les langues notamment l’arabe et le français.

En proclamant la langue française comme seul espace lui permettant le mouvement, elle se tourne vers son pays natal, l’Algérie, ce pays qui, à son tour, perdure les pratiques, coloniales, du monolinguisme en imposant l’arabe comme langue unique au détriment des langues berbères et de la langue française considérée comme la langue du mécréant qu’il faudra bannir du paysage linguistique algérien. Ce qu’elle juge comme une sorte de stérilité des structures annonçait, en fait, en Algérie, la lame de fond de l'intolérance et de la violence de la décennie quatre-vingt-dix.

Avant de finir son discours, elle parle de toutes ses femmes qui ont subi l’injustice et la différence et considère son entrée à l’académie non pas comme un succès personnel, mais une victoire de ses femmes qui, autrefois, vivaient dans la douleur et le silence. Pour finir, elle évoque un autre mot arabe qui est « shefa’», ou la guérison en français, afin que ces plaies et cicatrices du passé guérissent en souhaitant la paix entre les peuples et les langues.

Le lendemain, plusieurs personnes en polémiqué autours de ce discours auquel les médias n’ont pas accordé l’importance qu’il mériterait.

Tout d’abord, dans son pays, Assia Djebar n’a pas bénéfice d’un hommage digne de cette première femme algérienne reçue à l’académie française, à part une ou deux phrases prononcées par l’ancienne ministre de la culture, Khalida Toumi. Plusieurs intellectuels ont jugé une telle réaction du pouvoir algérien comme injuste vis-à-vis d’une grande dame qui a toujours défendu son pays. Ce silence autour de cet événement est une réaction à la lucidité et l’engagement d’Assia Djebar. Cette rétention dont elle fait objet nous donne encore une idée de sa fidélité à son engagement, ses idées et ses principes. Nous pensons que la cause principale est le fait qu’elle continue à tourner le dos à ceux qui bradent l’histoire, à ceux qui rendent la mémoire stérile, et à ceux qui violent les droits. Et nous pensons également que ces activités étaient mises en avant, dans un premier temps, par les arabes arrivées en Afrique du Nord en 647 avant J.-C., et, dans un deuxième temps, par le pouvoir en place depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962.

Ensuite, et en réaction au discours prononcé par Assia Djebar lors de son entrée à l’académie jugé scandaleux, plusieurs personnes ont réagit en l’occurrence Philipe Nouvion, Vice président du Haut Conseil des Rapatriés, dans sa lettre adressée le 26 juin 2006 à Madame la secrétaire perpétuelle Hélène Carrère d’Encausse et Michel Lagrot, historien et partisan de l’Algérie-française, dans l’Algérianiste de décembre.

Dans son discours de réception à l’académie française, Assia Djebar a tenu les propos suivants qui ont suscité la réaction des personnes citées ci-dessus.

« (...) L'Afrique du Nord, du temps de l'Empire français, comme le reste de l'Afrique de la part de ses coloniaux anglais, portugais ou belges, a subi, un siècle et demi durant, dépossession de ses richesses naturelles, destructuration de ses assises sociales, et, pour l'Algérie, exclusion dans l'enseignement de ses deux langues identitaires, le berbère séculaire, et la langue arabe dont la qualité poétique ne pouvait alors, pour moi, être perçue que dans les versets coraniques qui me restent chers. Mesdames et Messieurs, le colonialisme vécu au jour le jour par nos ancêtres, sur quatre générations au moins, a été une immense plaie ! Une plaie dont certains ont rouvert récemment la mémoire, trop légèrement et par dérisoire calcul électoraliste. »

De son côté, Philipe Nouvion juge que c’est regrettable de la part d’une personne qui autrefois ne pouvait pas exercer ses talents littéraires et cinématographiques librement chez elle, à qui la France a ouvert ses portes où elle décide de vivre, vient aujourd’hui mettre en cause la France. Et ajoute dans un ton sarcastique : « Nous regrettons que madame Assia Djebar n'ait pas le courage de faire profiter une université algérienne de ses talents littéraires pour réhabiliter les langues arabes et berbères, dont elle vante les qualités et déplore la disparition. ».

Toujours Philipe Nouvion, dans sa lettre adressée à la secrétaire perpétuelle, précise que, sans vouloir polémiquer, Assia Djebar a dénigré la présence française en Algérie, cette France qui, grâce à nos ancêtres, qui a fait que cette Algérie existe aujourd’hui. Et déplore : « que l'Académie Française, ainsi que l'ambassadeur de France en Algérie présent ne se soient pas élevés contre de pareils propos qui ne font que raviver des plaies chez les rapatriés de toutes origines. ».

Quant à Michel Lagrot, dans un premier temps, regrette le fait que plusieurs auteurs magrébins d’expression française méritent d’être nommés, et ne l’ont pas été, à ce fauteuil qu’occupera désormais Madame Assia Djebar. Ce qu’il trouve pire encore c’est le discours de réponse de l’académicien Pierre-Jean Rémy qu’il juge émaillé de fautes de français, qui fera rougir un simple instituteur Kabyle, comparé à ce discours impeccable prononcé par Assia Djebar. Pour lui, Pierre-Jean Rémy a craché sur tous ces martyrs français assassinés par le terrorisme urbain, le FLN (Front de Libération National). Et ajoute en se posant la question de ce qu’attend cette académicienne qui s’est installée confortablement depuis longtemps en France, ce pays qui lui a infligé cette immense plaie, de postuler à la très hypothétique Académie algérienne.


Encore une étrangère- ou presque – à l’académie ?

Pour Pierre-Jean Rémy, une telle question se pose par de commentateurs qui sont bien mal renseignés. Pour lui, cette romancière et professeur est méconnue de beaucoup de gens notamment des parisiens et français qui d’habitude ne s’intéresseraient qu’à la littérature de ceux qui leur ressemblent.

De ce fait, nous allons citer plusieurs articles qui lui sont consacrés après sa réception sous la coupole. Pour les Figaro, Mouhamed Aissaoui, écrit que la romancière, la première femme magrébine reçue par les immortels demeure méconnue dans l’Hexagone. D’ailleurs dans ce même article, il rapporte les paroles d’Assai Djebar qui estime : « En France, j'ai reçu un accueil confidentiel. Je ne dirais pas que je suis un auteur qui souffre, mais je ressens une certaine solitude ici. Alors qu'en Allemagne, en Italie et aux États‐Unis, mes livres sont très bien reçus, et j'ai des lecteurs fidèles ». Elle est la quatrième femme à siéger à l’académie française, une valeur symbolique pour la « femme » notamment la femme algérienne pour qui elle s’est engagée à travers son œuvre féministe. Elle est également une militante pour la francophonie par son amour à la langue de Molière.

Dans une interview accordée à La Croix, Mireille Callegruber, écrivain et professeur de littérature française à l’université de Paris III Sorbonne-nouvelle, voit en l’écriture d’Assia Djebar, une écriture nomade et transhumance. Sans oublier le talent d’Assia Djebar, elle juge que son entrée à l’académie est une sorte d’apport d’une respiration à l’air libre. D’ailleurs elle considère que : « L'Académie française ne peut qu'en bénéficier, qui trouvera avec elle une autre coloration, de nouveaux rythmes à notre langue française, d'autres accents. Et c'est tant mieux ».

Launet Edouard écrit, pour Libération, une algérienne militante sous la coupole. Dans son article, il ne cesse de rappeler le brillant parcours d’Assia Djebar : une quinzaine de romans, un engagement dans la francophonie, professeur de littérature aux USA., réalisatrice cinématographique, académicienne de l’académie royale de Belgique, etc. Un parcours sans lequel elle ne serait jamais élue à l’académie française car pour lui : « la nouvelle académicienne n'est pas tombée dans son fauteuil par accident. Ce genre de distinction est toujours le fruit d'un long travail et le signe d'une grande ambition. ».

Jacques Chirac, ancien président de la république française, dans son communiqué à la Présidence de la république considère l’œuvre d’Assia Djebar comme une œuvre généreuse et humaniste. Et dit se réjouir de tous ceux qui choisissent la langue française comme moyen de revendiquer la liberté parmi lesquelles on trouve cette femme de cœur et d’engagement qui a choisi d’habiter magnifiquement la langue française. Et par cette sélectionne, il salue l’Académie pour son attachement à la diversité et le dialogue. Un choix qui pour lui renforce l’amitié profonde entre l’Algérie et la France.


Une œuvre humaniste et généreuse

Assia Djebar a publié plus de vingt romans. Dans son premier roman, La Soif, Assia Djebar raconte l’histoire d’une femme franco-algérienne et sa vie pendant l’Algérie moderne. Les Enfants du nouveau monde (1962) et Les alouettes naïves (1967), Assia Djebar s’est intéressé de plus près au sujet de féminisme algérien notamment la contribution des femmes pendant la guerre de libération. Dans sa collection de nouvelles Les Femmes d’Alger dans leur appartement, elle parle des femmes cloitrées dans leur Harems. Harem désigne à la fois la suite de femmes (concubines ou simples « beautés ») qui entouraient un personnage important et leur lieu de résidence. Ce qui existerait également dans d’autres civilisations telles que l’Egypte ancienne et la Chine impériale. Loin de Médine (1991), un roman historique dans lequel Assia Djebar raconte la vie des femmes à l’époque du prophète Mahomet. Pour revenir un peu en arrière, L’amour, la fantasia, (1985), était l’un des romans qui ont fait la réputation d’Assia Djebar dans lequel elle nous raconte l’oppression coloniale et la difficulté des femmes dans l’Algérie postcoloniale.

Elle a réalisé également deux films. Son premier film est la Nouba des films du mont Chenoua réalisé en 1978 où Assia Djebar s’est inspiré de la musique pour le réaliser. Un deuxième qui arrive après quatre ans en 1982, La Zerda ou les Chants d’oubli, un film documentaire un film documentaire de la colonisation de l’Algérie.

Pour ne manquer aucun ouvrage ni réalisation d’Assia Djebar, nous allons essayer de dresser une liste exhaustive de ses œuvres.

Ses livres :

  • La Soif. (1957)

  • Les Impatients. (1958)

  • Women of Islam. (1961)

  • Les enfants du nouveau monde. (1962)

  • Les alouettes naïves. (1967)

  • Poèmes pour l’Algérie heureuse. (1969)

  • Rouge l’aube. (1969)

  • La nouba des femmes du Mont Chenoua. (1969)

  • Les Femmes d’Alger dans leur appartement. (1980)

  • L’Amour, la fantasia. (1985)

  • Fantasia: An Algerian Cavalcade. (1985)

  • Ombre Sultane. (1987)

  • Loin de Médine. (1991)

  • Chronique d’un été algérien. (1993)

  • Le blanc de l’Algérie. (1996)

  • Oran-langue morte. (1997)

  • Les nuits de Strasbourg. (1997)

  • Ces voix qui m’assiègent : en marge de ma francophonie. (1999)

  • La femme sans sepulture. (2002)

  • La disparation de la langue française. (2004)

  • Nulle part de la maison de mon père. (2008)

Ses films :

  • La Nouba des femmes du Mont Chenoua (1979)

  • La Zerda ou les Chants d’oubli (1982)

En réalité la plus part de ses publications sont axées, comme nous venons de le voir, autours des thèmes prédominants : le féminisme, l’Islam ou l’histoire, etc. Enfin, ce qui nous intéresse à présent est ce thème du féminisme que nous allons essayer de développer dans la prochaine partie.


Le féminisme : entre l’Académie et L’Algérie

Si l’académie française reste le lieu où se fixent la langue française et son usage, les immortels restent réticents sur la féminisation de noms masculins et la prédominance de masculin sur le féminin dans la grammaire française. La réticence de l’Académie à la présence féminine s’avère visible. D’ailleurs, en France, les esprits s’échauffent dès qu’on parle d’une réforme de la grammaire ou de l’orthographe notamment la féminisation des noms des titres et des métiers. Pour illustrer, l’Académie française à rejeté le fait qu’on appelle une femme ministre « Madame LA ministre », le cas de Martine Aubry et d’Elisabeth Guigou et considère que cela porte atteinte à la langue française dans les hauteurs de l’Etat.

L’histoire des femmes à l’Académie commence avec Marie Curie qui a décidé de postuler à l’Académie des sciences en 1910 et dont la candidature sera retenue, mais qui va échouer bien que ses compétences scientifiques aient été jugées incontestables pas cette même académie.

C’est en 1980, alors soutenue par Jean d’Ormesson, que Marguerite Yourcenar, qui a pour lui a détruit le mythe de la littérature féminine, sera la première femme élue à l’Académie française. Son élection était un tournant historique et une rupture avec la cooptation masculine.

Après la mort de Marguerite Yourcenar en 1987, tout le monde se posait la question si l’Académie continuerait dans l’ouverture de ses portes aux femmes. Et ça été le cas, dès le premier tour des élections, les académiciens décident d’ouvrir leur rangs à Jacqueline de Romilly. Une fois le débat est tranché sur la possibilité de recevoir des femmes au sein de l’Académie, les académiciens se lancent dans d’autres débats, notamment ceux de trancher sur la féminisation des noms, par exemple. Mais leur réticence à l’égard de la féminisation reste inchangée, d’ailleurs les mots « auteure », « professeur » ou « ingénieure », par exemple, sont qualifiés par l’académie par de « véritables barbarismes ».

Dans un article intitulé « Féminisation des noms : la mise au point de l'Académie française » publié sur le site de l’Académie suite à un incident qui s’est déroulé à l’Assemblée nationale, les académicien ont tenu à rappeler les valeurs et la tâche de l’Académie qui s’oppose à toute détermination autoritaire de l’usage. Pour l’Académie, il faut libérer l’usage sans imposer à proscrire de nouvelles formes.

Bien qu’elle ait eu rejeté professeure, recteure, sapeuse-pompière, auteure, ingénieure, procureure, l’Académie n’a nullement rompu avec la tradition de féminisation des noms de métiers et de fonctions. Dans la 8e édition de son dictionnaire, elle a fait accueil d’artisane, de factrice, d’éditrice, d’exploratrice, etc., tout en rejetant ce qu’elle appelle l’esprit de système qui tend à imposer des formes telles celles qu’on a évoquées au début du paragraphe. L’enrichissement de la langue française avec le temps et sans rien imposer de force incarne l’esprit de cette même langue.

Après avoir examiné amplement la position de l’Académie française sur la féminisation des noms et avant de revenir à Assia Djebar, nous allons évoquer d’autres immortelles, élues en 2008, 2011 et 2013, Simone Veil, Danièle Sallenave et Dominique Bona. Cette élection de trois autres femmes après Assia Djebar à l’Académie est jugée comme étant une bonne nouvelle, notamment par des réseaux de militantes, Osez le féminisme ! Dont le porte-parole est Pauline Arrighi qui estime, dans un article que le Figaro lui a consacré, lors de la sélection de Dominique Bona, que c’est : « très bien que ce soit une femme, qui rejoigne une académie composée très majoritairement d'hommes âgés. L'Académie française, c'est un lieu de pouvoir qui modèle la langue française et fixe son usage. C'est positif de voir que les femmes y seront un peu mieux représentées». Et rajoute en jugeant que « L'Académie est très crispée sur les titres masculins et sur la règle de grammaire selon laquelle le masculin l'emporte sur le féminin. C'est un message très fort, ça nous montre que l'être humain, par défaut, est un homme, et qu'être une femme c'est une particularité.». Nous constatons, bien, qu’elle est déçue des positions de l’Académie par rapport à la féminisation des noms et des titres et la modification des règles de grammaires, mais le nombre de femmes élues à l’Académie lui représenterait une belle avancée, un espoir ou tout simplement une victoire.

Mais regardons un peu la définition que donne le dictionnaire de l’Académie de « Féminisme ». Dans la 8e édition, on le définit comme étant Doctrine qui a pour objet l'extension des droits civils et politiques à la femme. Doctrine ? Il suffit de consulter la 9e édition pour voir un peu l’évolution. Formé sur le radical du latin femina, « femme ». Mouvement revendicatif ayant pour objet la reconnaissance ou l'extension des droits de la femme dans la société. On voit clairement le passage de « Doctrine » à « Mouvement ».

Quant à Assia Djebar et son féminisme, nous pouvons nous référer à son œuvre littéraire. A aucun moment elle n’a évacué son vécu de l’univers fictif qu’elle met en avant dans ses romans. Assia Djebar commence par souligne la difficulté de la femme dans la société magrébin à travers ses personnages féminins notamment Cherifa, Lila, Touma, Salima ou Hassiba.

Cherifa malgré son profil bas a pu imposer à la société une nouvelle vision de bonheur et a pu imposer à son ex-mari son refus de la maternité. La conception de l’épanouissement pour Cherifa diffère de celle de la majorité des femmes qui le réduisent à la maternité. Elle a su se démarquer de cette masse par son refus d’un enfant de so, premier mari qu’elle n’aimait pas. Une réaction courageuse dans une telle société. Cherifa ne va pas s’arrêter là, mais ira plus loin en quittant même son mari. Chose inenvisageable à cette époque.

L’histoire de Lila commence par celle de son père qui a jugé que l’éduction d’une fille doit passer avant tout par le collège et non pas par l’école coranique, un acte de rébellion en s’opposant tout d’abord aux résolutions du grand-père. Assia Djebar à travers son personnage féminin, Lila à mis en scène un personnage « autonome ». Déjà dans les 1956, sous l’occupation française, Lila, femme algérienne est allée chercher la location d’un appartement à Constantine accompagnée d’un concierge français qui, à aucun moment, n’a cru qu’il est en compagnie d’une algérienne, mais d’une occidentale. Lila autonome grâce à son père, une autre fois elle transgresse les règles par sa rencontre d’Ali son futur mari qu’elle a aimé avant de l’épouser contrairement à toutes ses femmes algériennes dont le mariage est infligé sans connaître l’homme.

Touma est une fille qui, à l’époque de la présence coloniale, a l’habitude de fréquenter la gent européenne, chose qui est n’est pas appréciée de ses compatriotes notamment de son frère qui fini par la tuer. La mort injuste de Touma véhicule une très fort symbolique car elle illustre la puissance masculine.

Salima est le symbole de la révolution intellectuelle. Alors étudiante elle rejoint le maquis en 1956. L’engagement sincère de Salima auprès du FLN était une forme d’espoir. L’espoir de voir la femme algérienne, après l’indépendance, toute épanouies et maîtresses de leurs destins. Un rêve qui ne se réalisera jamais. Déjà, avec l’arrivée d’une étudiante dans le maquis, quelques membres de cette organisation ne voyaient cela de bon œil car ils considéraient cela contraire au dogme religieux. Après l’indépendance, les femmes algériennes verront le rêve de Salima s’évaporer et demeureront cloîtrées sans bénéficier d’aucune faveur du pouvoir.

Pour finir, Hassiba symbolise la femme algérienne qui s’est engagée dans la guerre à cause des malheurs qui ont frappé sa famille et son pays sans aucun niveau intellectuel. Contrairement à Salima, Hassiba reste plus représentative de la femme algérienne.

En définitive, nous constatons, après le bref examen de la position de l’Académie sur la féminisation des noms et à travers ce petit aperçu des principaux personnages féminins d’Assia Djebar, que le sors de la femme algérienne dans l’Algérie sous l’occupation française ou dans l’Algérie postcoloniale est semblable à celui du « féminin » sous la coupole de l’Académie française : en Algérie, la dominance masculine perdure, tout comme à l’Académie où le masculin l’emporte encore sur le féminin.


Assia Djebar en quelques mots

Si nous essayons de parler d’Assia Djebar en quelques mots ça sera : femme, histoire, cinéma, identité, mémoire, …

Dans 4e édition, le dictionnaire de l’Académie définit le mot « Femme » comme un substantif féminin qui se dit pour signifier Celle qui est ou qui a été mariée ; et en ce sens il est opposé à Fille. Dans sa 8e édition, le mot « Femme » désigne un être humain de sexe féminin, la compagne de l’homme. Il se dit également de celle qui est nubile. Dans la 9e édition, le dictionnaire de l’Académie en plus de la définition en deux acceptions différentes, retrace brièvement l’étymologie de ce substantif. Du Xe, « Femme » est issu du latin femina. Dans un premier temps, on parle de la femme comme un être humain défini par ses caractères sexuels, qui lui permettent de concevoir et de mettre au monde des enfants. Et dans un deuxième temps, de la femme comme épouse.

Substantif féminin, « Histoire » dans la 4e édition du dictionnaire de l’Académie signifie narration des actions & des choses dignes de mémoire : histoire grecque, romaine, de la France, etc. Elle se dit aussi de toutes sortes de descriptions des choses naturelles, histoire d’animaux, par exemple. Se dit également d’une aventure particulière, d’un discours plus long qu’il doit l’être, et, dans un style familier, d’une personne qui forme trop de difficultés et fait trop de cérémonies : voilà bien des histoires. Dans notre contexte et pour la 8e édition nous nous limitons à la première définition donnée, un récit d'actions, d'événements, de choses dignes de mémoire. Emprunté au latin par l’intermédiaire du grec hestoria au XIIe, istorie signifie « recherche, enquête », « récit historique ». C’est, donc, dans sa 9e édition, « Histoire » signifie relation, connaissance des faits relatifs au passé des sociétés humaines ; suite, ensemble de ces faits. « Histoire » est alors définie soit comme un récit relatif à des actions et à des évènements, soit comme un genre constitué par les récits historiques et par opposition à la fable, soit comme une étude scientifique du passé ou l’évolution de l’humain prise dans son évolution.

Pour « Cinéma », on doit attendre la 9e édition. Au XIXe au sens de « appareil cinématographique ». Il est aussi abréviation de cinématographe. Il est l’art qui à pour objet de réaliser des films. On qualifie de cinéma également cette industrie qui réalise et commercialise des films. Ou tout simplement cette salle destinée à la projection d’un film.

« Identité » dans la 9e édition du dictionnaire de l’Académie renvoie à la ressemblance entre les êtres et les choses ou tout simplement caractère de ce qui ne fait qu’un ou ne constitue qu’une seule et même réalité. Il vient de « Ydemtite » emprunté du bas latin identitas, qualité de ce qui est le même. En jurisprudence, et dans la 8e édition, identité signifie personnalité civile d’un individu. Enfin, dans la 4e édition, l’usage du substantif féminin « Identité » est réduit au Didactique.

« Mémoire » est définie dans la 4e édition comme un souvenir, une réputation bonne ou mauvaise et à l’écrit s’utilise pour se ressouvenir de quelque chose ou donner des instructions. Dans la 8e édition, on a « Mémoire » comme substantif masculin qui renvoie à un écrit, une Dissertation sur quelque objet de science, d'érudition, de littérature, etc. Et dans la 9e édition, avec l’avènement de l’Informatique, on parle alors de Mémoire d'un ordinateur, d'une machine électronique, etc.


Représentante de la Francophonie

Pour finir, nous allons évoquer quelques distinctions littéraires, postes occupés, etc. De 1983 à 1989, Assia Djebar était la représentante de l’émigration algérienne. A partir de 1985, et dès la publication de l’Amour, la Fantasia, elle multiplie ses tournées de lecture de ses textes notamment en Italie et en Allemagne, ainsi que des conférences données dans des universités américaines et anglaises. Dès 1995, alors professeur titulaire à Louisiane Louisiana State University de Baton Rouge, elle est directrice du Centre d’études françaises et francophones de Louisiane. En 2001, elle quitte la Louisiane pour enseigner à New York University, où elle sera nommée, en 2002, Silver Chair Professor.

Docteur honoris causa des universités de Vienne (Autriche), de Concordia (Montréal), d’Osnabrück (Allemagne), Assia Djebar, de 1989 à 2015, a reçu plusieurs prix littéraires en Belgique, Allemagne, Italie et aux Etats-Unis : (Prix Liberatur de Francfort, 1989, Prix Maurice Maeterlinck, 1995, Bruxelles, International Literary Neustadt Prize, 1996 (États-Unis), Prix Marguerite Yourcenar, 1997 (Boston États-Unis), Prix international de Palmi (Italie), Prix de la paix des Éditeurs allemands, 2000 (Francfort), Prix international Pablo Neruda, 2005 (Italie) et le Prix international Grinzane Cavour pour la lecture, 2006 (Turin, Italie). On voit, dès lors, qu’elle était une grande représentante de la francophonie dans le monde.



Par Hocine Ait Amara

[aitamara.5@hotmail.fr]


 
 
 

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